Plus le cerveau travaille, plus il est opérationnel

 « Toutes nos pensées et nos actions découlent du bon développement des arborescences de notre cerveau. Faire pousser nos neurones s’avère non seulement épanouissant, mais très efficace pour progresser personnellement et collectivement. » Bernard Anselem

Le cerveau est un organe qui fascine les hommes depuis des siècles. Au fil du temps et des avancées technologiques, les connaissances s’affinent. Une vie mentale active conserve nos capacités en combattant le déclin. La routine est toxique pour notre motivation, notre santé mentale et nos neurones. Notre cerveau s’adapte : nous devenons ce que nous pensons.

Scène de vie : Grégoire rumine quotidiennement les pensées négatives. En fin de compte, son attention reste focalisée sur ces perceptions et son cerveau s’y accoutume. Celles-ci reviendront prioritairement et plus facilement ; et donc son humeur s’en ressent. Sans s’en rendre compte, il est plus irritable et connait plus de démotivation, d’épuisement et d’insomnies. Qu’en serait-il s’il développait d’autres réseaux plus motivants, adoptait un angle de vision différent et cultivait d’autres modes de pensée ?

Le cerveau

Le cerveau humain pèse environ 1,4 kg. C’est l’organe du corps le mieux protégé, car il bénéficie de trois systèmes de protection qui jouent le rôle d’amortisseur et d’isolant : les os du crâne, les méninges et le liquide céphalo-rachidien. Il consomme 20% de l’énergie produite par l’organisme.

Le cerveau est composé d’environ 200 milliards de cellules diverses, dont près de 100 milliards de neurones. Véritable centre de contrôle du corps humain, il gère tout ce que nous faisons. Quelle que soit notre activité, le cerveau y prend part d’une façon ou d’une autre. Travaillant en tandem avec le reste du système nerveux, le cerveau reçoit et envoie des messages, permettant une communication permanente entre le monde extérieur et le soi.

Anatomie du cerveau

Le cerveau  constitue, avec la moelle épinière,  le système nerveux central. C’est le chef d’orchestre de nos mouvements, de nos pensées, de notre mémoire et de nos émotions. Constitué de quatre lobes et de deux hémisphères, chacune de ces zonesa des fonctions spécifiques :

  • Les hémisphères cérébraux. L’hémisphère gauche effectue les tâches liées à la logique ;  il décompose les problèmes et les analyse. Il commande le côté droit du corps. L’hémisphère droit est notre cerveau créateur. Il traite l’information de façon holistique. Il commande le côté gauche du corps. Chacun des hémisphères est partagé en 4 zones appelées lobes : on distingue les lobes frontaux, pariétaux, occipitaux et temporaux.

Une découpe horizontale du cerveau permet de localiser les différentes parties :

  • le cervelet recueille les informations transmises par le système sensoriel, la moelle épinière et les autres parties du cerveau ;
    • le système limbique, appelé cerveau émotionnel, exprime les émotions ;
    • le tronc cérébral relie les hémisphères à la moelle épinière et transmet les messages au corps ;
    • le thalamus relaye les signaux sensoriels et moteurs vers le cortex ;
    • le cortex est le siège de l’intelligence, de la pensée logique et de la conscience de soi.

Les deux cerveaux

Pour Antonio Damasio, chercheur américain, la vie psychique est le résultat d’un effort permanent de symbiose entre deux parties du cerveau, relativement indépendantes :

  • d’un côté l’émotionnel, préoccupé de survie et connecté avant tout au corps ;
  • de l’autre le cognitif, conscient, rationnel et tourné vers le monde extérieur.

Au plus profond du cerveau, il y a le cerveau ancien que nous partageons avec tous les mammifères. Paul Broca, neurologue français du 19ème siècle, lui a donné le nom de cerveau limbique. Il a une architecture, une organisation cellulaire et même des propriétés biochimiques différentes du néocortex.

Autour du limbique, au fil des millions d’années s’est formée une couche plus récente, le cerveau nouveau ou néocortex.  C’est la partie la plus évoluée du cerveau, siège du langage et de la pensée. Son organisation en 6 strates distinctes de neurones lui confère son exceptionnelle capacité à traiter l’information.

Les deux cerveaux perçoivent l’information du monde extérieur à peu près en même temps. Ils peuvent coopérer ou se disputer le contrôle de la pensée, des émotions et du comportement. C’est le résultat de cette interaction qui détermine ce que nous ressentons. La compétition entre eux nous rend malheureux ; en revanche, leur symbiose nous confère une quiétude intérieure.

Les mythes sur le cerveau

Le cerveau est un organe complexe et mystérieux. Malgré l’avancée des connaissances, certaines croyances ont encore la vie dure.

  • L’intelligence n’est pas liée à la taille du cerveau. Le cerveau humain est 2 à 3 fois plus petit que le cerveau des éléphants et 4 à 5 fois plus petit que le cerveau des orques. Le poids du cerveau d’Einstein n’était que de 1250 gr comparé aux 1400 gr d’un groupe témoin.
  • La supériorité de l’intelligence humaine n’est pas liée à son gros lobe frontal. C’est l’organisation de son cerveau qui fait la spécificité de l’intelligence humaine.
  • Notre mémoire n’est pas un disque dur d’une capacité quasi infinie. La capacité de mémoire à court terme est limitée et notre mémoire à long terme sélectionne certains indices du souvenir. L’oubli est essentiel à la sélection des souvenirs.
  • On ne peut pas apprendre en dormant : c’est un rêve. Déconnecté du monde le cerveau ne perçoit rien et ne peut donc mettre en mémoire des informations nouvelles.
  • Faire travailler ses méninges ne veut rien dire : les méninges ne travaillent pas, ce sont des membranes qui protègent le cerveau et la moelle épinière.

L’importance de la plasticité neuronale

Les connexions de notre cerveau sont dynamiques et évoluent constamment pour intégrer nos expériences et nos apprentissages. Les neurones communiquent entre eux par signaux électriques. Une image, un son, une pensée vont déclencher des réactions électriques et chimiques à l’origine de la circulation des informations. Autrement dit, plus vous utilisez vos neurones, mieux ils fonctionnent. La connexion s’établit plus vite et plus fort à chaque usage. Chaque fois que nous apprenons une nouvelle compétence, nous modifions notre cerveau.

On renforce ce réseau chaque fois qu’on active une trace neuronale régulièrement grâce à des souvenirs, des odeurs, des relations, des pratiques. La transformation neuronale engendre une modification fonctionnelle ; des régions entières s’activent plus aisément après un apprentissage et développent une nouvelle compétence.

Le cerveau a besoin d’être confronté à des défis pour élaborer de nouvelles stratégies d’adaptation et emmagasiner de nouvelles connaissances.

Lorgane du changement

« Le cerveau se nourrit du changement et se détruit par la routine » d’après Pierre Marie Lledo, directeur au C.R.N.S Depuis la naissance, il est en continuelle évolution. Anna Arendt qualifiait l’espèce humaine d’ « homo faber » : l’homme qui fabrique des outils, dans la mesure où il s’ouvre au changement.  Pendant 8 millions d’années le cerveau de l’australopithèque a été limité à 500 grammes dans un écosystème qui changeait peu. Puis il y eu des changements disruptifs qui l’ont conduit à 1400 grammes :

  • tout d’abord, l’homo habilis, se développe en Afrique il y a 2,5 millions d’années. Il est capable de fabriquer et d’utiliser des outils ;
  • ensuite, l’homo erectus maîtrise le feu, peint et dessine. 
  • enfin, l’homo sapiens migre en Eurasie et gagne l’ensemble des continents. Il découvre de nouveaux milieux. Sa capacité à coopérer avec d’autres individus expliquerait l’adaptation de nos ancêtres à tant d’environnements différents.

Après le feu, la bipédie et l’écriture, le digital est aujourd’hui source du changement. En effet, la conséquence première est la disparition des trois temps de Saint Augustin : le présent du passé (la mémoire), le présent du présent (la contemplation), le présent du futur (l’espoir ou le désir). Le digital provoque la fusion des 3 temps au profit du présent : « je veux tout, tout de suite ». Cette quête du plaisir immédiat annihile le libre arbitre et affecte nos décisions.

Les 3 états du cerveau 

Mieux comprendre comment notre cerveau fonctionne permet d’adapter et d’optimiser les espaces de travail, pour améliorer notre efficacité. Dans ce cadre, les recherches en neurosciences ont mis en évidence que le cerveau compte trois modes de fonctionnement distincts ; pour chacun de ces états, il est souhaitable de pouvoir adapter son environnement :

  • la concentration. Cet état est nécessaire lorsque l’on travaille sur un dossier compliqué, que l’on doit manipuler des concepts complexes ou des chiffres. Sans revenir à des bureaux fermés, un environnement adapté permet de limiter le bruit et les distractions ;
  • la régénération et l’inspiration. Cet état permet d’avoir d’autres idées, d’identifier des pistes que l’on n’avait pas vues jusqu’alors, Il est utile d’avoir accès à un environnement plus chaleureux et plus intime ;
  • l’activation. Bouger permet de détendre le corps et de réveiller l’esprit, et ainsi de mieux se concentrer : prendre l’air, travailler debout, faire des exercices de méditation.

En changeant régulièrement de posture et d’environnement au sein d’une même journée permet au cerveau de passer plus facilement d’un état à l’autre. Il est pertinent d’adopter un mode de fonctionnement plus en phase avec son activité cérébrale

Le cerveau construit notre mémoire pendant notre sommeil

Le cerveau est un super outil d’enregistrement des informations : environ plus d’un milliard de bits, soit plus que n’importe quel ordinateur. Contrairement à ce dernier, la mémoire humaine ne conserve que les informations utiles.

Une étude menée par les scientifiques de l’université de Genève a été publiée dans la revue Nature en juillet 2021. Ils sont parvenus à décoder l’activité cérébrale pendant le sommeil en combinant intelligence artificielle, IRM et EEG (électroencéphalographie). Durant le sommeil profond, le cerveau ne reçoit plus de stimuli extérieurs. Il en profite pour effectuer un travail de tri dans les informations reçues dans la journée. Il établit donc un dialogue entre ses différentes régions, en particulier l’hippocampe et le cortex cérébral. Ainsi le cerveau évalue ces milliers de souvenirs pour ne retenir que les plus utiles et les plus positifs. Les chercheurs ont remarqué que la mémoire est plus élevée lorsqu’elle est réactivée pendant le sommeil.

La prévention des maladies neuro dégénératives

Les maladies neurologiques sont des pathologies qui touchent le système nerveux central ou périphérique. Ainsi, ce terme regroupe des affections diverses telles que les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, la schizophrénie, l’autisme, la sclérose en plaques, l’épilepsie … Les maladies dégénératives, dont la plupart sont des maladies neurodégénératives ne peuvent pas être guéries mais leur évolution peut être ralentie. Les maladies neurodégénératives se caractérisent par la destruction progressive de certains neurones. Une bonne oxygénation, la pratique régulière d’une activité physique, une alimentation saine ainsi que la prise en charge précoce des facteurs de risque vasculaires sont associés à un moindre risque de démence. Quant à la maladie de Parkinson, l’activité physique et la rééducation spécialisée sont associées à une évolution plus favorable de la maladie, avec un risque plus faible de complications. Quelques études suggèrent que l’activité physique pourrait également présenter un bénéfice pour la prévention de la maladie.

Le petit cerveau du cœur

Cœur et cerveau sont certainement les organes les plus importants de notre organisme. Et les liens qui les unissent sont nombreux. Vous l’avez certainement remarqué : sous l’effet du stress le cœur s’emballe ! Ce qu’on sait moins, c’est que les liens entre cœur et cerveau sont réciproques : calmer les battements de ce muscle permet de faire disparaître les tempêtes sous le crâne ! Ainsi, la communication entre le cœur et le cerveau est un dialogue dynamique et continu.

Le cœur a un Système Nerveux Intracardiaque (SNI) propre. C’est une sorte de petit cerveau qui joue un rôle essentiel dans la modulation de cet organe. Par le passé, on considérait que le cœur réagissait constamment aux « ordres » envoyés par le cerveau sous forme de signaux neuronaux. De récentes recherches suggèrent que le cœur envoie en fait plus de signaux au cerveau que l’inverse.

Prenez soin de votre cerveau

Les situations conflictuelles prolongées, la prise chronique de psychotropes, la sédentarité, l’inactivité intellectuelle, l’isolement social et l’excès de sucres minent l’activité du cerveau et réduisent sa capacité de régénération.

Parmi les recommandations scientifiques pour prévenir les maladies du cerveau, on trouve des facteurs internes et des facteurs externes :

  • en premier lieu, une bonne hygiène de vie participe à l’oxygénation du cerveau ;
  • de plus, les activités créatrices mobilisent différentes régions cérébrales ;
  • les relations sociales stimule le développement cérébral ;
  • finalement, le sommeil répare notre cerveau. Il favorise nos facultés mémorielles et assure le renouvellement des cellules.

Conseils du coach

Notre cerveau est loin d’avoir livré tous ses secrets. Il est « remodelable » pendant toute la vie. C’est la répétition qui consolide les circuits et finit par les rendre permanents. Sa vitalité repose sur 3 clés :

  • l’habituer à sortir de sa zone de confort ;
  • visualiser ses rêves pour que le cerveau trouve des solutions ;
  • privilégier la coopération à l’affrontement.

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