“Tout le monde peut se mettre en colère. Mais il est difficile de se mettre en colère pour des motifs valables et contre qui le mérite, au moment et durant le temps voulus.” ARISTOTE
La colère est une émotion tout à fait naturelle. Elle est utile, libératoire, énergisante. Elle peut aussi être destructrice et devenir un trait de caractère, voire une personnalité. Comme toutes les émotions, elle nous parle de nous et uniquement de nous. Le fait de ne pouvoir contrôler ses réactions devient un problème majeur quand cela commence à avoir un impact négatif sur sa vie. Toutefois, des solutions existent pour aider à réduire ses effets.
Scène de vie : au volant de sa voiture, Théophile voit un autre conducteur lui faire une queue de poisson et le frôler dangereusement. Sa première réaction est la peur. Suite à ce coup de chaud, il klaxonne et l’insulte. Il agit « comme une personne en colère ». Ce comportement colérique marque-t-il une perte de contrôle ou est-t-il une conséquence de sa peur ?
Qu’est-ce que la colère ?
Issu du latin « cholera », qui signifie bile, le terme de la colère est entré assez tardivement dans le vocabulaire français. Selon le Larousse, c’est un « état affectif violent et passager résultant du sentiment d’avoir été agressé ou offensé« . Cette réaction émotionnelle se produit lorsque quelqu’un perçoit un événement, une situation, les actions ou les paroles d’une autre personne comme menaçants.
La colère est une émotion, au même titre que la joie, la tristesse ou la peur. C’est une réaction irraisonnée, spontanée et non contrôlable, d’intensité très forte et très courte en durée. C’est aussi un signal d’alarme qui indique que quelque chose dérange ou qu’un besoin n’est pas comblé. La colère est donc une réaction naturelle face à une situation qui semble insupportable ou injustifiée. Pouvoir aborder une telle situation est même la raison d’être de cette émotion. La colère nous prépare à une action verbale ou physique. Le défi consiste à comprendre ce que nous ressentons et à analyser notre comportement dans ces situations.
Les sources de la colère
Les « poussées de fièvre » ne se produisent pas par hasard : la colère se manifeste lorsque vous n’atteignez pas votre objectif ou que vous êtes blessé dans votre amour-propre. Réaction de frustration, la colère est dirigée contre une cause précise. Provoquée par un événement impromptu, elle nous indique aussi un besoin excessif de contrôle. Elle met en exergue notre incapacité à lâcher prise sur ce que nous ne maîtrisons pas.
La colère est ressentie dans des situations de tension et de malaise. Elle accompagne de multiples sentiments. Lorsqu’elle porte sur la possession d’un bien, elle est suscitée par l’envie. Avivée par les avantages d’autrui, elle est jalousie. Associée à un sentiment d’honneur bafoué, elle provoque un désir de vengeance. Quand la colère est associée à la fureur, et qu’elle est longtemps dirigée contre une cible précise, elle devient haine.
Enfin, elle peut également être un moyen de libérer d’autres émotions enfouies telles que la peur, la fatigue, le stress ou la tristesse…
Les manifestations de la colère
Qu’elles soient extériorisées de manière verbale ou autre, les expressions de la colère peuvent offrir un soulagement émotionnel à court terme et la satisfaction d’une revanche. Une émotion est de l’ordre du réflexe physiologique : elle passe par le corps et est déclenchée involontairement. La colère a plusieurs manifestations physiologiques :
- des sensations physiques comme l’augmentation de la pression artérielle, du tonus musculaire et aussi l’apparition d’expressions faciales caractéristiques ;
- une intensité variable de l’émotion qui va de l’agacement à la rage en passant par l’énervement ;
- un afflux de pensées telles que « il le fait exprès », « elle me prend pour un abruti » ;
- une tendance à l’action qui se traduit par une envie d’insulter, de tout casser, voire de frapper.
L’afflux d’énergie apporté par la colère peut nous amener à agir de manière plus agressive que dans notre comportement habituel.
La colère parle de nous-même
« Tout ce qui nous irrite chez les autres nous conduit à une meilleure connaissance de nous-mêmes. » Cette réflexion de Carl Gustav Jung illustre de quelle façon ce qui nous énerve chez autrui peut nous parler de nous-mêmes. En quoi ce qui nous irrite chez l’autre témoigne de ce que nous avons du mal à accepter dans notre caractère ou dans notre comportement ?
Rappelons que, comme toutes les émotions, elle nous parle de nous et uniquement de nous. C’est vrai y compris lorsque nous ressentons de la colère vis-à-vis d’une personne ou d’une situation. Comme les autres émotions, elle nous signale un besoin insuffisamment comblé. Elle nous indique souvent qu’une limite a été franchie. Elle est aussi liée au besoin de reconnaissance, de respect, de considération ainsi que d’affirmation de soi.
Quand la colère se transforme en violence
La colère est une émotion tandis que la violence est un comportement. La violence utilise la force pour obliger une autre personne à se comporter comme on le souhaite. Elle peut s’exprimer par l’intimidation, la menace ou la brutalité physique. Enfin, elle est souvent le résultat d’une difficulté à gérer les frustrations, d’un désir de contrôler une autre personne ou d’un besoin de domination.
« Quand il n’est plus possible de parler, ni de comprendre, quand on ne veut plus subir, alors naît la violence, pour affirmer que l’on existe. » Alain Peyrefitte, homme politique.
Tout dépend, donc, de ce que vous faîtes de la colère. Si vous la laissez s’exprimer justement et au bon moment, cela peut être constructif. Si vous la gardez en vous, cela peut se transformer en agressivité et conduire à la violence, qu’elle soit verbale ou physique.
Comprendre la colère
Il est légitime de se mettre en colère de temps à autre. Cependant, si une personne est irritée la majeure partie du temps ou si elle a tendance à s’emporter rapidement et souvent, la colère peut alors être un problème aussi bien physique que psychique. Au fil du temps, il est important d’apprendre à maîtriser notre colère au lieu de la laisser nous contrôler.
Lelia Schott, accompagnante parentale, définit la colère comme le “garde du corps” des émotions, dans le sens où elle peut agir comme une protection contre des émotions douloureuses comme la tristesse, la honte ou encore la peur.
La colère est souvent un moyen d’éviter de montrer des souffrances, lorsqu’on ne se sent pas suffisamment en sécurité pour exprimer les émotions vulnérables.
Pourtant, la compréhension de l’information suffit souvent à faire retomber l’émotion et à pacifier l’état dans lequel elle nous met. Il est donc important d’apprendre à reconnaître la colère pour pouvoir l’exprimer de façon saine et constructive.
Les bénéfices de la colère
Nous avons tendance à croire que la colère est une émotion qui ne devrait pas exister. Pourtant, c’est une émotion utile parce que c’est l’émotion de la réparation, de l’intégrité et des changements. Pour Saint Thomas d’Aquin, philosophe scolastique, « se mettre en colère est louable si l’on s’irrite selon la droite raison ». Il donne trois critères : un objet juste, une intention droite et une réaction mesurée. De l’agacement à la fureur, la colère nous fait passer par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
Pourtant, comme toutes les émotions, la colère nous transmet des messages essentiels à notre bien-être et à notre équilibre. Elle peut alimenter le courage dont on a besoin pour surmonter la peur et protéger les limites personnelles. Nous avons parfaitement le droit d’être en colère. La colère est à l’origine des soulèvements contre l’oppression, l’injustice, le manque de reconnaissance, contre toute forme de mépris social ou de négation de la personne et d’atteinte à sa dignité humaine. La colère est une réaction saine face à l’injustice, à l’impuissance, à l’échec, à la frustration, au constat de l’inertie. C’est l’émotion qui répare en cas d’échec ou de deuil et pousse à agir pour plus de justice. Parfois, la colère est comme une “deuxième” émotion parce qu’elle est induite par la peur. C’est le cas de la colère des parents contre leurs enfants après une « bêtise » qui aurait pu mal finir.
Comment gérer la colère
Pour maîtriser notre colère et la rediriger vers des solutions positives, nous devons être en harmonie avec nos pensées et nos sentiments. Il est primordial de savoir et comprendre ce qui se passe en soi et de respecter plusieurs règles :
- éviter de réagir sous le coup de l’émotion. Il existe de nombreuses façons de garder ou de retrouver son calme : respiration, yoga, méditation, sports, marche, isolement.
- chacun est responsable de ses émotions. Quelle que soit la situation qui nous fait réagir face à autrui, nous sommes comptables de notre réaction.
- rester humble : notre vérité est rarement celle de notre interlocuteur.
Respect, patience et remise en questiondevraient s’imposer dès que l’envie d’agresser se fait sentir en réponse à une émotion.
Les conseils du coach
Ignorer sa colère n’arrange rien ; cela peut provoquer des sentiments d’amertume, de ressentiment et même de haine. De plus, la colère peut aussi être vitale en fournissant l’énergie nécessaire pour franchir un obstacle. Qu’elle soit extériorisée de manière verbale ou autre, son expression peut offrir un soulagement émotionnel à court terme. En revanche, si cet état émotionnel est récurrent, ses conséquences à long terme peuvent être désastreuses. Il est donc utile d’être attentif à ce qui se passe en soi :
- prendre de la distance : quelle que soit la situation, il est préférable de prendre du recul plutôt que de perdre le contrôle de ses nerfs. De plus, la pression diminue rapidement.
- comprendre à froid ce qui a provoqué votre colère : ego martyrisé, jalousie, manque de reconnaissance, frustration, conflit professionnel…
- prendre l’habitude d’exprimer vos besoins et vos émotions : personne ne peut deviner ce dont vous avez besoin.
- prendre soin de votre hygiène de vie : l’hygiène de vie de notre corps repose sur trois besoins vitaux : s’oxygéner, s’hydrater et se nourrir. Cet équilibre permet d’absorber plus facilement les contrariétés de la vie.
Peu importe au fond ce qui nous met en colère. La chose la plus importante c’est la façon dont nous gérons les choses. La colère est une émotion : ce qui compte c’est ce que nous en faisons.
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