« L’empathie est une façon de comprendre avec respect ce que les autres vivent » Marshall Rosenberg
L’empathie est une magnifique qualité qui permet de rentrer en communion avec les autres, de partager leurs joies, et de les comprendre, y compris dans les épreuves. Mais, comme souvent, il s’agit de trouver le bon équilibre pour pouvoir en tirer pleinement avantage.
Scène de vie : Le Danemark est le seul pays au monde où l’empathie figure au programme scolaire : une heure par semaine pour les enfants de 6 à 16 ans. Dès la maternelle cette « matière » est considérée comme aussi importante que l’anglais ou les mathématiques ! Le but étant de privilégier la coopération à la compétition. Depuis sa mise en place en 1993, le Danemark se classe sur le podium des pays les plus heureux du monde. Faut-il y voir un lien de cause à effet ? En plus d’être bénéfique pour les relations sociales, l’enseignement de l’empathie augmente les chances pour l’enfant de devenir un adulte heureux et épanoui.
Comment définir l’empathie ?
L’empathie est le fil qui nous relie au sein d’une même humanité. La racine grecque de l’empathie signifie la capacité à percevoir les émotions de quelqu’un d’autre, à entrer en relation et à vibrer à l’unisson. « C’est la volonté de comprendre l’autre de l’intérieur, tout en sachant qu’on n’y est pas », souligne Jacques Lecomte, docteur en psychologie Le corps est évidemment présent dans le mécanisme de l’empathie. C’est la capacité à identifier cette émotion comme prenant sa source chez autrui et à ne pas la confondre avec une émotion personnelle. Être empathique permet donc, d’un point de vue mental, de connaître l’état émotionnel d’une personne ou tout simplement de reconnaître ses sentiments.
L’empathie, ce n’est pas ressentir ce que l’autre ressent. C’est appréhender les sentiments d’une personne sans jugement, ni dévalorisation, ni appropriation. Lorsque vous ressentez ce que l’autre ressent, cela s’appelle de la contagion émotionnelle. Nous verrons cela plus loin.
Les 3 composantes de l’empathie
L’image du funambule peut servir à définir le concept d’empathie : ressentir ce que l’autre ressent tout en restant soi-même. Cet équilibre repose sur trois composantes :
- l’empathie cognitive : la première composante est mentale. C’est la capacité à voir les choses du point de vue de l’autre et non du sien. Il s‘agit de se mettre à sa place afin de mieux le comprendre.
- l’empathie émotionnelle : cette capacité à se mettre à la place de l’autre est toutefois insuffisante. Les psychopathes et les manipulateurs savent très bien le faire. Il manque la capacité à être touché par l’autre et par ce qu’il vit.
- La bienveillance : comprendre, être touché, cela ne suffit toujours pas. Encore faut-il avoir envie de leur venir en aide. C’est le rôle de la bienveillance et de la compassion. C’est la posture qui permet de s’interroger sur la manière la plus adaptée d’agir par rapport à la situation : donner un conseil, écouter en silence ou soutenir ?
Importance de l’empathie
Notre capacité à coopérer à grande échelle est à l’origine du développement de nos civilisations humaines. Pour bien coopérer, encore faut-il tenir compte des émotions, des besoins et des intentions d’autrui. Ces capacités sont liées à l’empathie. Celle-ci nous permet de capter l’état d’esprit des autres et de mieux s’entraider, au-delà des différences.
L’empathie apprend aux enfants à prendre des décisions et à tenir compte de la famille, des amis et de leur communauté. Les jeunes empathiques ont plus de conscience de soi et sont plus à l’écoute, ce qui leur permet d’accéder à la responsabilité.
Elle est essentielle à un bon équilibre mental et physique. Elle encourage à prendre soin des autres et favorise des relations sociales et professionnelles saines.
L’empathie contribue à la conscience sociale et fait obstacle au harcèlement, aux préjugés et à la xénophobie. Elle jette les bases d’une société plus juste et bienveillante.
La contagion émotionnelle et l’empathie
La contagion émotionnelle est la capacité innée à se synchroniser aux émotions des autres. Ressentir les émotions d’autres personnes est un mécanisme instinctif et inconscient. Qui n’a pas éclaté de rire en regardant quelqu’un avoir un fou rire ? … ressenti de la tristesse devant une personne en pleurs ? …ne s’est pas senti tendu dans un environnement stressant ? Lorsque je suis en fusion avec l’émotion de l’autre, cela veut dire qu’elle m’affecte autant que lui. Je n’ai donc plus d’espace personnel pour moi. Je n’ai plus de recul. C’est comme si je vivais moi-même la situation à la même intensité que l’autre. Ainsi, si cette intensité est trop forte, n’ayant pas de prise directe sur la cause, je vais souvent chercher des moyens pour éteindre le feu chez l’autre. C’est la seule solution à ma disposition pour qu’il diminue chez moi.
Face à la contagion, je vous propose de changer votre rapport au stress. Lorsque la négativité de l’autre prend vraiment trop de place, Il s’agit de prendre du recul. On peut le faire grâce à la méditation, en faisant de l’exercice, en écoutant de la musique…
Les limites de l’empathie
L’empathie est une qualité vitale mais elle ne doit pas devenir un esclavage. Elle ne doit pas se transformer en un état qui ne vous permet plus de résister aux sollicitations. Selon le chercheur Paul Bloom, psychologue canadien, « elle fait en réalité plus de mal que de bien, car elle nous focalise sur les souffrances d’une personne en nous laissant indifférents à toutes les autres ».
Il est également possible de s’épuiser à ressentir la peine des autres, (composante émotionnelle de l’empathie). Les études auprès de personnels soignants montrent qu’une empathie émotionnelle élevée entraîne un risque de burnout plus important. Pourtant ce n’est pas l’excès d’empathie qui est le problème, c’est le manque de souci de soi.
C’est la raison pour laquelle il est important d’établir des limites claires avec les autres pour protéger notre espace personnel et notre bien-être émotionnel. Cela peut inclure la définition de limites
- physiques : s’éloigner de quelqu’un qui est émotionnellement contagieux,
- psychologiques,
- verbales, comme dire non lorsque nous ne voulons pas être impliqués dans une situation émotionnelle.
- Les limites personnelles permettent d’exprimer ce que nous voulons véritablement dire, et non ce que l’on pense que les autres voudraient entendre.
La puissance de l’empathie en management
L’empathie envers autrui permet une meilleure communication dans l’entreprise et favorise le bien-être au travail en installant un climat de confiance. Si l’entreprise souhaite réussir à atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés en termes de performance économique et se développer durablement dans un environnement de plus en plus complexe, ses dirigeants doivent réfléchir à la création de conditions favorables à une meilleure compréhension et à la prise en compte des attentes de chaque collaborateur.
Selon une étude réalisée par l’association américaine Catalyst, un management empathique favorise l’innovation, l’engagement au travail, la fidélisation des talents ou encore l’inclusivité au travail. De nombreuses études montrent clairement un effet de levier entre augmentation du taux de satisfaction des collaborateurs et taux de satisfaction clients, entre engagement des collaborateurs et performance économique.
Ainsi l’empathie est-elle en train de se développer comme valeur cardinale dans un monde en mutation rapide. Celui-ci exige une remise en question dans nos manières de communiquer, de manager et d’entreprendre. Et ces attentes nécessitent de véritables talents d’empathie de la part des managers et des chefs d’entreprise. C’est la capacité à montrer des émotions justes et à créer de l’inspiration grâce à une écoute active de ses collaborateurs.
Conseil du coach
L’empathie est une capacité utile au quotidien, tant au niveau personnel que professionnel. Cependant même ‘i nous sommes tous capables d’en faire preuve. En fonction de notre histoire et des situations, il peut nous arriver d’en manquer ou d’être handicapés par une empathie exacerbée. Comment développer l’empathie ?
- cultiver la curiosité : pour mieux comprendre les, il faut commencer par s’intéresser à eux ;
- chercher le feedback : travailler l’empathie nécessite aussi d’écouter ce que les autres ont à dire sur nous, sur nos réactions et sur notre manière d’être ;
- examiner ses biais cognitifs : nous avons tous des biais qui altèrent nos capacités. Nous jugeons et catégorisons souvent les autres selon leur apparence ou leur mode de vie.
- Prendre le temps d’écouter : pour comprendre l’autre, il faut commencer par l’écouter vraiment ;
- Prêter attention au non verbal de ses collaborateurs;
- Nous avons tous besoin de connexion. Construire l’empathie nous permet de forger des relations profondes et authentiques avec les personnes que nous rencontrons.
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