L’exemplarité est une question d’hygiène comportementale. En étant lui-même exemplaire sur les qualités attendues de ses collaborateurs, le manager assoit sa légitimité, installe la confiance et suscite la performance. En réalité, l’exemplarité est l’une des pierres angulaires du management au sein d’une organisation.
« La vie du chef parle toujours aux hommes plus forts que sa voix, et si sa vie est en contradiction avec ses paroles, il y a un illogisme qui scandalise les faibles et révolte les forts. L’homme moderne n’accepte plus de discipline si elle n’est pas réciproque et si celui qui commande ne remplit pas les devoirs de sa charge avec autant d’exactitude qu’il exige de ses subordonnés.» Père Gaston Courtois – dans L’art d’être chef (1958).
L’exemplarité, l’exigence personnelle du manager
L’exigence conduit le chef à adopter le comportement qu’il attend de ses subordonnés et qui les inspirera en retour. En fait, l’exemplarité managériale représente la cohérence entre le discours et l’action : je pense ce que je dis, je dis ce que je fais et je fais ce que je dis ! En effet, le manager ne peut attendre des autres qu’ils suivent les règles que l’on a fixées, s’il ne les respecte pas lui-même. Sur le plan philosophique, l’exemplarité est souvent associée à une exigence éthique.
Cette exemplarité comportementale s’applique aussi à l’exécution des « règles » de l’entreprise : à quel moment dois-je recadrer une dérive ? De quelle manière suis-je équitable ? Suis-je prêt à suivre ces règles ? Là encore, ces règles doivent être incarnées pour être respectées.
Perfection et exemplarité
L’exemplarité et la perfection sont 2 attitudes distinctes. L’exemplarité, à la différence de la perfection, impulse de l’éthique et de la sincérité sur le lieu de travail. Le manager est exemplaire parce que ce qu’il dit et fait donne du sens à l’action de son équipe. C’est pour cela que son équipe le reconnaît ; et c’est en cela que le comportement du manager est exemplaire. De surcroit, à chercher la perfection, le manager risque gaspiller en vain ses forces pour des objectifs inatteignables.
Importance de l’exemplarité aujourd’hui
Dans un environnement incertain et instable, l’exemplarité du manager est un antidote à la démotivation des collaborateurs. En effet ceux-ci y trouvent du sens à leur engagement. L’exemplarité permet de :
- Avant tout, de susciter l’adhésion à l’autorité et de développer la confiance.
- Ensuite, de garantir la cohérence dans l’exercice du management en reliant parole et actes.
- Suivant, de conférer de la crédibilité au manager qui devient un élément mobilisateur en incarnant l’exemple à suivre.
- Enfin de donner des repères à ceux qui l’observent et le reconnaissent.
Le poids de l’exemplarité
Accepter une fonction de manager, c’est accepter de « monter sur un piédestal ». Celui-ci est en pleine lumière et donc potentiellement épié dans ses moindres faits, paroles et gestes. A l’inverse, il faut qu’il évite l’écueil de vouloir être aimé de tous.
Être un repère, une valeur stable dans un contexte compliqué peut cependant devenir pesant. « Il faut assumer cette étiquette qui soumet à la pression du regard et des attentes de ses collaborateurs directs » explique Catherine Barbon, dirigeante du Gymnase du Management.
Comment l’exemplarité managériale se mesure-t-elle ?
Condition essentielle de l’exercice de l’autorité, l’exemplarité suscite l’adhésion aux valeurs mises en avant par le manager et leur appropriation. En fait, elle s’exprime au travers de simples gestes, des comportements et des attitudes rassurants et inspirants, liés au savoir-être d’un chef :
- Tout d’abord, la politesse : poser des questions ouvertes ; dire bonjour ; mesurer la motivation. Elle permet au manager de montrer qu’il est présent et disponible.
- La ponctualité : parce qu’on dit que la ponctualité est la politesse des rois ! Etre en retard montre le peu de cas que l’on fait de son interlocuteur. Il donne l’impression que notre temps est plus précieux que le sien !
- La stabilité émotionnelle : il nous arrive à tous de nous laisser emporter par nos émotions. Pourtant, lorsque la colère ou la peur prennent le dessus, notre capacité de réflexion est altérée.
- La dignité du comportement : le comportement de certaines figures d’autorité remet en question le respect qu’on peut leur porter. Quand le chef s’assoit les hommes se couchent !
- Finalement, l’esprit d’équipe : partager l’information, être disponible, mettre la main à la pâte, partager les réussites, assumer les échecs.
- La communication : soigner votre parole, parlez avec intégrité, ne dites que ce que vous pensez ! Le verbe est un outil qui peut blesser.
L’exemplarité managériale n’est pas une dimension de la personnalité telle que le charisme ou l’intégrité. En fait, elle représente la capacité du manager à offrir des références comportementales cohérentes avec son discours : c’est une question d’hygiène comportementale.
Les conséquences de l’absence d’exemplarité
Au fond, les exemples ne manquent pas de dirigeants ou d’hommes politiques dont l’exemplarité est mise en cause. Dans ces conditions, le manque d’exemplarité des dirigeants et des managers est devenu insupportable pour le corps social dans son ensemble. En fait, cette attitude porte en germe des difficultés futures et facilite les résistances passives. En conséquence, il ouvre la porte :
- à la démotivation des équipes,
- au ressentiment face aux « deux poids, deux mesures »,
- à la polémique, en favorisant la critique,
- au discrédit de l’autorité, à la perte de prestige, d’influence et de valeur,
- à la défiance, poison de nos organisations.
Néanmoins, aucun manager ou dirigeant ne peut être exemplaire sur tout et en toute circonstance. Tout manager ou dirigeant demeure également un être humain, potentiellement faillible. Il doit donc choisir les comportements qu’il cherche à promouvoir autour de lui et impérativement les incarner.
Conseil du coach
Face à des demandes d’engagement et d’adaptation très fortes, combinées à des ressources humaines et financières en diminution, les hommes et leur volonté de coopérer sont au cœur de la réussite, voire de la survie des organisations. Dans ces conditions, au moment de coopérer, les membres de ces organisations observent le comportement de leur hiérarchie pour déterminer s’ils s’engagent ou si, au contraire, ils ne feront que le strict minimum. Il appartient donc au manager de :
- En premier lieu, choisir les comportements qu’il estime exemplaires, en lien avec les valeurs de son organisation.
- Clarifier les règles du jeu, au sein du règlement intérieur et aussi dans les fiches de poste.
- Passer du temps sur le terrain, pour comprendre les situations et soutenir les collaborateurs et ainsi afficher une vraie proximité.
- Par ailleurs, être disponible pour écouter afin d’entretenir une relation de confiance.
- Tenir ses engagements, c’est-à-dire qu’il vaut mieux en dire moins et en faire plus que l’inverse.
- Etre indulgent envers soi-même, c’est-à-dire reconnaître ses erreurs ou son manque de compétence.
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