« Personne ne prétend que la résilience est une recette de bonheur. C’est une stratégie de lutte contre le malheur qui permet d’arracher du plaisir à vivre, malgré le murmure des fantômes au fond de sa mémoire. » Boris Cyrulnik
Avant tout, la résilience réside dans notre capacité à récupérer. En effet le principe de résilience n’est pas un effacement du traumatisme, ni une capacité à endurer. C’est une attitude de protection, une façon de mettre ses effets dévastateurs à distance pour continuer à vivre.
L’épreuve fait partie de la vie
Chacun de nous traverse un certain nombre d’épreuves au cours de son existence, que ce soit dans la vie personnelle ou professionnelle. En réalité, nous connaissons tous l’échec et essuyons tous des revers… Ces événements engendrent une perte de confiance ainsi qu’une remise en question de nos compétences et de nos projets.
Pourtant, nous ne réagissons pas tous de la même manière face ces perturbations. Certains vont se laisser déborder par les émotions négatives, allant parfois jusqu’à la déprime. Au contraire, d’autres vont faire preuve d’une remarquable capacité à se relever et à reprendre le cours de leur vie. D’où vient cette aptitude à aller de l’avant, plus aisément et plus rapidement que les autres ? Tout le monde est-il capable de rebondir à la suite d’un événement traumatisant ?
En fait, les épreuves font partie de la vie. Déstabilisantes, elles peuvent cependant être un puissant moteur de développement personnel.
La gestion de l’épreuve
Les catastrophes climatiques, les séismes, les attentats terroristes, les pandémies agressent le corps, l’esprit et l’âme. Néanmoins, les actions qui permettent de reprendre le cours de sa vie, après une agression, nous concernent tous. Au cœur de l’épreuve, il est nécessaire de se protéger. De fait, cette protection individuelle repose sur trois axes : l’action, l’affection et la réflexion.
- L’action sécrète des endorphines qui sont émises en cas d’effort physique, d’excitation intense ou de douleur. En réalité, ces hormones ont des effets antalgiques, anxiolytiques et relaxants. C’est pourquoi, après le séisme en Haïti, des enfants des rues ont guidé les secours dans une ville qu’ils connaissaient bien. En conséquence, ceux-ci ont moins souffert de la catastrophe que ceux qui sont restés terrés.
- Les manifestations d’affection à nos proches, le renforcement des liens avec les amis, les lettres du soldat à leur famille limitent les syndromes post-traumatiques pour ceux qui les pratiquent.
- La réflexion peut prendre plusieurs formes. La méditation, la spiritualité, la lecture, l’écriture, la peinture mobilisent alors des ressources qui faciliteront la résilience.
Qu’est-ce que la résilience ?
En physique, la résilience caractérise l’aptitude d’un matériel à retrouver son état initial après un choc ou une déformation. D’abord cantonné à la physique, le concept s’est étendu à la psychologie, à l’économie, à la sociologie, à l’entreprise… Boris Cyrulnik, neurologue et éthologue, est connu pour avoir vulgarisé le concept de « résilience »en France. Il définit la résilience comme « la capacité à réussir, à vivre, à se développer positivement, en dépit du stress ou d’une adversité qui comporte normalement le risque grave d’une issue négative. » C’est donc la capacité à reprendre le cours de sa vie en dépit et même en tirant profit de l’adversité. L’objectif n’est donc pas de revenir à la situation initiale mais de rétablir un équilibre. En clair, la résilience est un processus dynamique. C’est aussi la conscience de nos vulnérabilités pour affronter les chocs, tout en préservant ce qui est fondamental pour nous.
Les facteurs favorisants la résilience
La résilience n’est pas un trait de la personnalité, elle s’acquiert, se construit et se renforce. En premier lieu, nous pouvons parler de résilience dès lors qu’il y a eu un traumatisme physique, verbal ou social. Cependant, différents facteurs d’ordres personnels, relationnels et environnementaux la stimulent. « Après un grave traumatisme, le blessé a besoin de deux éléments essentiels : sa force vitale et ce qu’il nomme un « tuteur de résilience, un point d’accroche sur lequel il sera possible de s’appuyer pour reprendre vie, tout comme une plante pour pousser » explique Boris Cyrulnik. Ce tuteur de résilience se nomme estime de soi, capacité à communiquer, à créer et à prendre du recul. C’est pourquoi, il se construit dans la capacité à trouver du soutien en cultivant des relations vraies avec son réseau familial ou social. Dans le domaine des organisations, les armées sont conçues pour gérer l’imprévu dans des circonstances extrêmes. Elles sont par conséquent, le plus souvent, des modèles de résilience. En réalité, la force des armées repose sur la qualité des hommes, la redondance des moyens et la clarté des procédures.
La résilience à quoi cela sert-il ?
La résilience tient à notre capacité à récupérer, pas à endurer. De la même manière, le principe de résilience n’est pas un effacement du traumatisme. Ainsi, dans l’armée, chaque unité garde en mémoire la souffrance d’épreuves collectives et la perte de frères d’armes. La résilience est, en fait, une attitude de protection, une façon de mettre ses effets dévastateurs à distance pour vivre. C’est une capacité à rebondir après des événements douloureux ou traumatiques. » La vérité de demain se nourrit de l’erreur d’hier « explique Antoine de Saint-Exupéry. Ainsi, les échecs sont source d’opportunités et de meilleure connaissance de soi pour peu qu’on en prenne conscience. Que ce soit par entêtement ou excès de fierté, il n’est pas normal d’ignorer ses faiblesses. Au contraire, il est nécessaire de les identifier, de les analyser et de les accepter pour pouvoir mieux les comprendre. Savoir se relever après une chute permet de tirer expérience et compétences de chaque difficulté rencontrée. De même, la résilience est une source d’énergie pour nourrir la motivation.
Le souci du facteur humain au service de la résilience de l’organisation
Pour répondre aux changements permanents et aux défis de demain, l’entreprise doit donc se doter d’une organisation résiliente. On parle d’une structure agile et d’une culture managériale, caractérisée par l’esprit collectif. En fait, l’humain est au cœur de la résilience des organisations. Ainsi, pour de nombreux salariés, la pandémie du COVID 19 aura été une période stressante. La peur de la contagion, les problèmes financiers, l’impact sur le mode de vie resteront une expérience parfois traumatisante. Le salarié aura donc besoin d’être sécurisé et protégé. Ecouter, identifier les freins permettent au manager de connaître les leviers de réengagement de ses équipes. Surtout, il y a une relation directe entre la qualité du soutien et du lien social envers le salarié et la confiance qu’il accorde à l’entreprise. Les chefs d’entreprise et les managers doivent se préparer à relever le défi du retour au travail après le confinement. En période de déconfinement, quatre points permettent de renforcer la résilience des entreprises :
- créer les conditions d’un dialogue interne : mettre des mots sur le vécu de chacun, sur ce qu’il faut garder, ce qu’il faut rejeter, ce qu’il faut adapter.
- réévaluer l’environnement du travail : adapter les modalités de travail en appliquant les mesures de protection qui rassurent.
- revisiter la culture et l’organisation en faisant appel à l’esprit collectif, à la flexibilité et à l’adaptabilité.
- améliorer la qualité du management : il permet de restaurer la confiance que le salarié accorde à l’entreprise. Les hommes sont la première richesse de l’entreprise.
Les femmes et les hommes sont voués dorénavant à vivre des changements permanents et à accepter l’incertitude. Créer les conditions de la résilience des entreprises apparait comme une nécessité.
Conseils du coach
Nous ne choisissons pas les évènements qui traversent notre vie mais nous pouvons choisir notre façon de s’y préparer et d’y répondre. Que pouvons-nous faire pour développer notre résilience ?
- Cultiver notre jardin familial, amical et social.
- Accepter que le passé ne puisse être changé. Lâcher prise sur la possibilité de changer le passé, sans effacer, occulter ni minimiser ce qui s’est passé. Cette phase d’acceptation consiste à éviter que celui-ci ne contamine le présent.
- Donner du sens à nos actions et à nos efforts : Quels objectifs poursuivons-nous, pour quel impact et au service de quel rêve ? A quoi adhérons-nous ?
- S’engager dans l’action pour engendrer des boucles de succès : noter les bonnes nouvelles, exprimer sa gratitude, rencontrer des amis, …
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