Le respect,  pierre angulaire de la vie en société

Le respect de nous-mêmes guide nos valeurs ; le respect des autres guide nos comportements.” – Laurence Sterne

Nous avons tous besoin être respectés. Le respect est la pierre angulaire d’une société où il fait bon vivre. C’est l’acceptation de soi-même mais aussi d’autrui et de sa singularité. Cependant le respect ne doit pas être confondu avec la tolérance et le relativisme, ces concepts selon lesquels tout finirait par se valoir.

Scène de vie : Pierre porte la main à hauteur de son képi pour saluer Jérôme. Tous les deux sont militaires. Le salut a été repris au sein des armées dès le XVIIe siècle. Ce geste ne comporte aucune nuance de soumission ou de servilité. Le salut militaire est un signe de respect mutuel et de fidélité à l’engagement partagé qu’échangent deux soldats lorsqu’ils se rencontrent. D’ailleurs, selon l’ancien règlement d’avant 1914 : l’officier et le soldat échangent le salut : c’est un geste de fraternité. Le soldat devance seulement le geste de l’officier, par pure courtoisie. 

C’est une notion complexe

Le respect est un mot qui nous est familier mais dont la portée reste toutefois assez confuse, sans doute parce qu’elle est complexe. C’est d’autant plus vrai que ce terme recouvre des sens qui évoluent selon le contexte : respecter ses parents dans le sens obéir à leur autorité, respecter les gens veut dire être poli, respecter le matériel signifie en prendre soin, respecter une procédure c’est-à-dire suivre. C’est un terme polysémique dont le sens premier est oublié.

Respect vient du latin « respicere » qui signifie observer, se préoccuper de… Ce qui est digne de respect, c’est ce dont je dois prendre soin ; ce sur qui je dois veiller ; ce à qui je dois faire attention. Le respect renvoie donc à un devoir de vigilance envers soi-même et vis-à-vis d’autrui.

Pour Emmanuel Kant : « le respect s’applique toujours uniquement aux personnes, jamais aux choses ». Il s’agit d’un sentiment de considération envers soi-même ou envers quelqu’un d’autre qui se manifeste par une attitude pleine d’égard. Respecter quelqu’un, c’est faire attention à ce qu’il peut ressentir, accepter ses différences, même si on ne l’aime pas, même si on n’est pas d’accord avec ses idées ou sa façon de s’exprimer.

La confusion entre respect et tolérance

L’utilisation de l’un pour l’autre voudrait dire qu’il faut laisser autrui être ce qu’il est en toute circonstance ! Dés lors une question s’impose : qu’est-ce qu’il faut tolérer ? Est-ce que tout est respectable ? Il est indispensable de se pencher sur la question des limites.

La tolérance s’exerce principalement dans une situation qui me déplaît et que j’ai le pouvoir d’empêcher. Derrière le masque de la tolérance apparaissent parfois la résignation, l’indifférence voire la faiblesse ! Tolérer, c’est accepter un certain niveau de transgression du principe, de la règle ou de la loi. La tolérance est importante car elle donne du jeu dans les relations sociales. Cependant, la tolérance ne nous permet pas de dépasser le face à face entre « une puissance tolérante et une gêne tolérée ». Il peut y avoir de la condescendance dans la tolérance. Or, là où le respect est acquis, la question de la tolérance tombe, car le respect va plus loin que la tolérance. Celle-ci va aux attitudes, aux opinions, aux croyances, alors que le respect va aux personnes, à leurs fonctions ou à leurs qualités.

La valeur sociale du respect

La puissance du respect est fondée sur un jeu de reconnaissance qui doit être réciproque en élevant chacun à la hauteur de l’autre. C’est la vertu des égaux. Socialement, le respect autorise chacun à être lui-même, dans une juste distance, ni trop près, ni trop loin. Le respect permet à chacun de tenir son rôle social en reconnaissant un espace dans lequel ce dernier peut déployer sa singularité.  En effet il y a l’espace propre du patron et celui de l’ouvrier. Il y a l’espace propre du professeur et celui de l’élève. Enfin il y a l’espace propre de l’officier et celui du soldat. Le respect est donc ce qui permet à chacun d’évoluer dans l’espace propre qui lui est reconnu. Respecter un élève c’est lui reconnaitre un espace dans lequel le professeur n’a pas le droit d’empiéter. Cet espace propre n’est pas tout l’espace. En effet cet espace connait aussi des limites. Il y a parfois une façon d’exhiber sa différence, religieuse ou sexuelle par exemple, qui devient une manière de sortir de l’espace qui est assigné dans l’espace social. Ce désir d’étendre son espace propre correspond à une façon de manquer de respect à autrui.

Les fondements du respect

Le respect est fondé sur la reconnaissance de la valeur intrinsèque de chaque personne en tant qu’être humain. La considération qu’on porte à autrui permet de l’encourager à se sentir bien et à avoir conscience de sa valeur. Ces égards visent à garantir la dignitéet le droit à l’autonomie. Ainsi, chacun doit pouvoir faire ses propres choix. C’est la conviction que les autres humains ont une valeur égale à la sienne. Cela veut dire que vous devez absolument proscrire de faire à quelqu’un quelque chose que vous détesteriez qu’on vous fasse. Ainsi, être respecté, c’est exister aux yeux des autres, avoir une place au sein de la famille, des amis, de son travail et de son pays.

Le respect humain se fonde sur ce que chaque individu doit ou devrait pouvoir éprouver à l’égard de n’importe lequel de ses semblables, comme le souligne le romancier allemand  J.W. Goethe : «  Le respect de nos semblables est la règle de notre conduite. ».

Le respect est-il toujours de même nature ?

Au-delà du respect dû à tout être humain, Blaise Pascal, philosophe, dans les trois discours sur la condition des grands, distingue deux autres formes de respect :

  • les « grandeurs naturelles » sont les qualités naturelles de l’âme ou du corps dont un homme est porteur : l’humanité, la puissance physique, l’habileté ;
  • les « grandeurs d’établissement » sont conventionnelles et dépendent de la volonté des hommes d’honorer certains états : anciens, président, patron, professeur, maire…

Pour lui, le respect est dû à ces deux grandeurs quand bien même il n’est pas de même nature :

  • le respect naturel qu’il appelle aussi estime. Celui-ci va aux qualités naturelles d’une personne. Il rend possible la reconnaissance des qualités personnelles, indépendamment de tout statut social ;
  • le respect d’établissement c’est à dire les cérémonies extérieures, le protocole. Pour Pascal, « c’est une sottise et une bassesse d’esprit que de refuser ces devoirs ». Il rend possible le jeu social. Le respect est nécessaire dans toute société, que ce soit au sein de l’école, de l’entreprise ou des collectivités de toute nature.

Le respect permet une double reconnaissance : celle des hiérarchies sociales et celle des qualités propres, qui rendent certaines personnes dignes d’estime.

Le respect de soi-même

Nous ne nous aimons ni ne nous respectons pas toujours autant que nous le devrions. Et pour se respecter, nous devons nous estimer suffisamment. L’estime de soi est le sentiment plus ou moins positif qu’une personne éprouve envers ce qu’elle est ou ce qu’elle croit être. C’est donc le sentiment de la valeur de soi. En fait, l’estime de soi est une auto évaluation de la conformité de nos actions et de nos paroles avec nos valeurs. Concrètement, l’estime de soi s’élève lorsqu’on agit conformément à ce qui revêt de l’importance à nos yeux ! L’estime de soi est nourrie et entretenue grâce à une bonne connaissance de soi, une capacité d’acceptation de nos forces et de nos faiblesses et le refus de la comparaison dépréciative. C’est ainsi que le respect de nous-mêmes ouvre la voie au respect des autres.

Le respect d’autrui

Le respect d’autrui peut être vu comme l’un des fondements de toute communauté humaine. C’est l’un des premiers principes que nous devons suivre pour que la vie en société soit possible. L’exigence d’une règle morale universelle, concernant ce que nous nommons le « respect d’autrui », a été énoncée par Emmanuel Kant, sous la forme d’« impératif catégorique » : nous devons toujours agir de la manière dont on attend que les autres se comportent.

Le respect des autres se retrouve dans les valeurs morales du savoir-vivre : l’authenticité, la courtoisie, la franchise, la fidélité, la fraternité, la solidarité, la loyauté.

Pour autant, le respect de l’autre s’apprend et relève d’une éducation pour arriver à considérer autrui comme mon égal, quelle que soit sa différence. 

Manager avec respect

Une enquête, effectuée il y a quelques années par la société Regus révélait que 68 % des collaborateurs français estiment que leurs supérieurs hiérarchiques directs leur manquaient de respect. Un manager doit respecter tous ses collaborateurs même s’il ne doit pas tout tolérer.

Loin d’être anecdotique, le manque de respect a un effet mesurable sur les performances de l’entreprise. C’est un élément-clé pour fidéliser les salariés mais également les clients. La valorisation du salarié tient une place essentielle dans le bien-être qu’il ressent dans l’entreprise. Le respect influe directement sur l’implication et la qualité de vie au travail des salariés. De la même manière, le respect génère une confiance accrue des clients et des fournisseurs qui, à leur tour, auront plus tendance à respecter vos collaborateurs. 

Un manque de respect entraîne une chute de l’engagement, du plaisir à travailler et de la concentration. L’impact s’étend au-delà de l’équipe : les clients le ressentent au travers de leur contact avec les collaborateurs. Ils ont eux-mêmes moins d’empressement à acheter les produits ou les services de l’entreprise.

Aussi, les comportements irrespectueux sont-ils à corriger sur-le-champ. Il appartient au manager de rappeler clairement le cadre dans lequel le collaborateur doit évoluer. Il en va de l’efficacité de l’équipe toute entière. Bien entendu, les managers eux-mêmes doivent donner l’exemple.

Conseil du coach

Le respect marche dans les deux sens. Plutôt que de se focaliser sur le manque de respect des autres envers vous, il me semble préférable de travailler à être respectueux de vous-même puis d’autrui.

  • en premier lieu, traitez-vous avec attention et respect ;
  • soyez sincère dans vos communications ;
  • recherchez la compétence dans votre domaine ;
  • veillez à honorer vos engagements, soyez fiables ;
  • comportez-vous correctement, y compris en étant bien habillé, en utilisant un langage châtié et en respectant l’étiquette sociale ;
  • soyez authentique : il vaut mieux être une version originale de soi-même que la réplique inadaptée de quelqu’un d’autre.

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