Le sens de la responsabilité, une compétence comportementale

Le sens de la responsabilité définit la capacité à prendre des décisions et à les assumer, eu égard aux fonctions tenues. Qualité très valorisée et particulièrement attendue des personnes à des postes de management et de direction, le sens des responsabilités est une compétence comportementale.

« Un chef est responsable de tout ce qui se fait sous ses ordres. Peu importe qu’il n’ait pas eu lui-même l’initiative de chaque décision, qu’il n’ait pas connu chaque action. Parce qu’il est le chef et a accepté de l’être, il lui appartient de prendre à son compte, dans le mal comme dans le bien, les résultats. » Marc Bloch, historien.

Scène de vie : vous vous souvenez de « Sully », le film de Clint Eastwood qui retrace l’amerrissage d’un avion dans l’Hudson. L’enquête accuse le pilote d’avoir enfreint les consignes de sécurité. Celles-ci lui enjoignaient de rejoindre l’aéroport le plus proche. En suivant son intuition, grâce à une décision prise en l’espace de quelques secondes, le commandant Sully a sauvé tous les passagers, en posant son avion sur le fleuve. Face à l’incertitude, en toute liberté, il a pris ses responsabilités. S’appuyant sur ses 40 ans d’expérience, il a estimé juste de s’affranchir de la règle lors de cet évènement exceptionnel.

La notion de responsabilité

Dans son livre Terre des Hommes,  Antoine de Saint-Exupéry définit l’homme comme un être responsable. « La responsabilité est ce processus de l’intelligence qui consiste à engager son existence dans la réalisation de quelque chose. » Responsable vient du latin « respondere », répondre de ses actes devant une instance donnée ; lui-même est issu de « spondere », qui veut dire se porter garant. Ainsi l’Homme est responsable des actions dans lesquelles il s’est engagé. L’être responsable doit répondre de ses actions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Faire preuve de sens de responsabilité, c’est  faire le choix de l’action et aussi le choix de l’authenticité. En conséquence, il faut prendre les responsabilités que nous sommes capables d’assumer. Or, nous avons tous une responsabilité à assumer que ce soit au niveau de notre travail, de notre vie ou de notre environnement familial et social.

De quoi suis-je responsable ?

Nous sommes responsables dans les domaines dans lesquels nous avons une capacité d’action. Trop souvent nous nous préoccupons de domaines qui sont éloignés de nos domaines d’action. Bien sûr, nous aimerions toujours que notre entreprise ait une organisation parfaite ou que le monde soit meilleur. Or, cette manière de penser nous condamne à l’impuissance.  La réponse à cette question mérite d’y adjoindre un verbe d’action : « je suis responsable de faire… » Et si nous voulons contribuer à l’amélioration de la marche du monde ou de notre entreprise, la meilleure option est encore de décider d’agir dans notre sphère de responsabilité.C’est bien plus utile même si c’est  plus difficile que de se lamenter ou encore de critiquer des évènements sur lesquels nous n’avons aucune prise !

Envers qui est-on responsable ?

La responsabilité s’exprime en premier lieu vis-à-vis de soi-même. Elle est étroitement liée aux valeurs propres à chaque individu. Avoir le sens des responsabilités envers soi-même est donc très important pour éviter un conflit de légitimité ; celui-ci peut affecter l’estime de soi et la motivation.

La notion de responsabilité impacte également un ou des tiers, en particulier dans le cas du manager. Ainsi, dans la sphère professionnelle, le sens des responsabilités s’exerce envers :

  • les collègues, dont le travail peut être perturbé si le travail n’est pas effectué ;
  • les supérieurs hiérarchiques, car ils vous font confiance pour mener à bien les missions qui vous incombent ;
  • les subordonnés, envers qui le manager a des devoirs.

Evidemment, dans le cas d’un manager, avoir le sens des responsabilités dépasse le simple fait de répondre de ses actes en vertu de la loi, de la morale ou de l’éthique.

Responsabilité et culpabilité

La culpabilité est intimement liée à la responsabilité. En effet elle naît de la responsabilité, réelle ou ressentie, d’un préjudice causé à quelqu’un. Chacun se rappelle du fameux « responsable mais pas coupable ». Qu’en est-il exactement ? C’est à la fois un jugement et une émotion.  La culpabilité a une utilité. Pourtant il s’agit parfois de diminuer son impact. En effet, 90% des culpabilités sont injustifiées. De la même façon que 90% des peurs que nous avons n’arriveront jamais ! En réalité les critères de la responsabilité sont au nombre de trois :

  • savoir que l’action commise causera du tort ;
  • être conscient de ses obligations dans cette action ;
  • avoir la capacité d’agir dans l’action en cause.

La réponse à ces questions permet de savoir si la culpabilité est avérée et que vous en êtes directement responsable. Elle est saine si elle est justifiée. Elle permet grandir. Dans le cas contraire, c’est une énergie négative et elle amoindrit la joie, la relation aux autres, l’efficacité au travail et l’énergie personnelle.

Responsabilité et liberté

La responsabilité comporte une notion d’engagement. Ce thème intéresse le manager au premier chef. Piloter, organiser, coordonner, déléguer, diriger, contrôler, n’a de sens que si chacun est individuellement et collectivement responsable de ses actes et de ses performances. Dans la vie, être responsable c’est avoir la liberté de faire des choix et le courage de les assumer. La performance se nourrit  de l’engagement ; celui-ci puise sa force dans la liberté. Ainsi, il n’y a pas de responsabilité sans liberté ni de liberté sans responsabilité.

Quitter un mouvement de masse pour tracer son propre chemin demande d’assumer les conséquences de ses choix personnels. C’est le comportement d’un être responsable. Il n’existe en fait aucune liberté possible pour l’être irresponsable. Liberté et responsabilité sont bien les deux faces d’une même pièce.

Donner des responsabilités

Le sens des responsabilités grandit grâce au développement de la confiance. C’est pourquoi il appartient à l’entreprise de développer le sens des responsabilités des salariés. Ceux-ci doivent être conscients de leurs obligations et effectuer leurs tâches en acceptant la responsabilité de leurs actions et de leurs décisions. 

L’absence de sens des responsabilités des salariés peut entraîner un manque d’implication de ceux-ci dans leur travail. De surcroit, il expose les entreprises à un risque de désengagement et de fuite des talents. Le changement de rapport au travail suppose un besoin important de trouver du sens. Lorsque les salariés sont « administrés » sans pouvoir s’impliquer véritablement, ils se désengagent peu à peu de leur travail. Face à ce constat, « l’empowerment » (développer l’autonomie des collaborateurs et favoriser leurs initiatives dans le cadre de leur travail) incarne une démarche de responsabilisation pour donner aux salariés les clefs pour agir par eux-mêmes. Cette forme de management rend les salariés acteurs de leur projet professionnel et renforce leur motivation et leur implication. Pourtant il existe trois freins majeurs à cette démarche : le déficit de confiance, les habitudes de l’organisation de l’entreprise et aussi la peur de l’échec.

Management et responsabilité

La notion de responsabilité dans le management revêt une importance capitale. Dans le monde professionnel, on attend du manager qu’il soit responsable et courageux, qu’il dispose d’une vision claire de ce qu’il veut réaliser. Il lui revient de partager cette vision et cette ambition avec ses équipes. Le manager est responsable de son travail et du travail de ses équipes au service de la performance de l’entreprise.

Un manager est impliqué dans les conséquences humaines, morales, matérielles et financières de ses décisions. De plus, la responsabilité du manager est engagée, non seulement dans ses propres erreurs et succès, mais aussi dans les succès et surtout les erreurs des membres de son équipe.

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE)

La volonté de certaines entreprises d’avoir un impact positif sur la société a toujours existé. La RSE était initialement une démarche fondée sur des engagements pris par les entreprises elles-mêmes. Pourtant, elle comporte maintenant deux dimensions : une dimension obligatoire qui contraint les entreprises à traduire des normes imposées par la loi et une dimension proactive qui relève de la volonté propre de l’entreprise. On assiste progressivement à la judiciarisation de ces exigences. Les 3 grandes dimensions de la RSE sont le social, l’environnement et le sociétal. 4 domaines définissent la responsabilité des entreprises : la protection à long terme, l’éthique des managers, la déontologie et la morale.

Une entreprise responsable va au-delà des contraintes imposées par la loi pour avoir un impact positif sur le personnel et son environnement. La RSE renforce l’attachement des salariés à leur entreprise et leur motivation. La RSE a donc un impact positif sur l’entreprise et sur la société.

Conseil du coach

Apprendre à être responsable de vous-même prend du temps et exige un engagement constant. Cependant, une fois que vous y êtes parvenus, le sentiment de liberté est absolu. Il est important de se centrer sur sa responsabilité : actions, choix, paroles, engagements, attitude, croyances…Parallèlement il s’agit de minimiser tout ce sur quoi nous n’avons aucun contrôle : ce que les autres pensent de moi, leurs réactions, leur agressivité, leur inaction, leurs décisions.

L’absence de recul dans ces domaines provoque de la frustration, voire de la colère. Il est préférable de se focaliser sur l’essentiel et se garder de perdre de l’énergie à réagir et à commenter ce qui se passe.

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