Les modalités de la prise de décision sont le meilleur indice de la qualité d’un manager. En effet, la prise de décision est l’acte le plus important qu’un individu puisse poser, quelle que soit sa position sociale ou hiérarchique au sein de la société. L’enjeu est donc de prendre la bonne décision, au bon moment !
« Quand tout a été dit, quand tout a été fait, la plus grande qualité nécessaire chez le commandant est l’esprit de décision ». Général Montgomery
Le courage de prendre une décision
Décider provient du latin « decidere », qui signifie « trancher » et aussi de « caedere » qui veut dire « couper ». Décider, c’est la vie. En conséquence, la prise de décision comporte naturellement une part de risque. C’est parfois un acte difficile, voire douloureux : abandon, incertitude, surinformation, options multiples, peur de l’erreur, du regard des autres, aversion pour le risque… C’est pourquoi, le courage de décider s’exprime, en particulier, dans l’incertitude. Par exemple, il faut parfois prendre des initiatives sans avoir l’accord préalable de ses supérieurs ; à l’inverse, ne pas décider malgré la pression des événements, des collaborateurs ou des actionnaires demande du courage !
Les types de décision au sein de l’entreprise
Décider consiste à choisir une solution en comparant plusieurs possibilités. Cependant, toutes les décisions n’engagent pas le même risque et ne sont pas de même nature. Igor Ansoff, mathématicien et professeur d’université, propose de classer les décisions en trois catégories :
- Les décisions stratégiques concernent les orientations générales de l’entreprise. Donc, elles ont des incidences sur le long terme avec un risque important : lancement d’un nouveau produit, fusion avec une autre entreprise, fermeture d’une unité de production…
- Les décisions tactiques organisent les ressources pour atteindre les objectifs définis. En conséquence, elles ont un impact sur le moyen terme avec un risque moyen : lancement d’une campagne publicitaire, affectation des ressources, acquisition de matériel…
- Les décisions opérationnelles s’appliquent à la gestion courante. Elles ont une portée limitée avec un risque moindre pour l’entreprise : achat de fournitures, gestion de la production…
Le processus de prise de décision
Au cœur du management, la prise de décision est devenue, au fil du temps, une discipline à part entière. Ainsi, les modèles foisonnent : rationnel, politique, arbre de décision, rationalité limitée, matrice de décision… Les armées ont développé une démarche analytique qui a évolué au fil des années depuis 1871 : elle est appelée aujourd’hui Méthode d’Elaboration d’une Décision Opérationnelle (M.E.D.O.). En conséquence, cette méthode d’élaboration de la décision permet de réduire la part d’incertitude. Elle vise surtout à choisir l’option la plus efficiente, au regard des informations dont on dispose.
- Premièrement, comprendre de quoi il s’agit : préciser le but, les objectifs, le calendrier, la marge d’initiative, les acteurs, l’environnement, définir les contraintes et les impératifs.
- Deuxièmement, résoudre la problématique et rechercher des solutions : élaborer des modes d’action, confronter les solutions envisagées, affiner les contraintes, les impératifs et les besoins.
- Enfin, contrôle et prise de décision : estimer la faisabilité des solutions, classer les solutions en fonction des avantages et des inconvénients, dégager la solution optimum.
L’intelligence collective dans l’élaboration de la décision
L’intelligence collective permet de faire émerger les meilleures solutions, en s’appuyant sur l’ensemble des talents individuels. La co-construction élargit le recueil d’information dans un environnement complexe. Ensuite, elle favorise l’innovation en ouvrant le panel des options. De plus, elle laisse une large part d’initiatives et de responsabilités avant décision. Or «l’initiative et la responsabilité, le sentiment d’être utile et même indispensable, sont des besoins vitaux de l’âme humaine » écrit Simone Veil dans son ouvrage L’enracinement. Dans le cadre militaire, la M.E.D.O. synchronise une somme d’analyses et de compétences variées dans un espace-temps contraint. Cette méthode inspire d’ailleurs des cabinets spécialisés dans la gestion de crise. Cependant, la décision reste l’apanage du chef, à qui il revient de prendre la responsabilité et de l’assumer.
Discernement et prise de décision
Étymologiquement, discerner signifie la capacité de l’esprit à juger clairement et sainement des choses. Si décider est à la fois le résultat d’une analyse (le « quoi ») et d’un processus décisionnel (le « comment »), le «pour quoi », permet de prendre des décisions qui ont du sens. Quelle que soit son expérience ou sa fonction, un responsable peut avoir tendance à prendre une décision subjective. Discerner consiste, alors, à distinguer les aspects objectifs des aspects subjectifs. Décider avec discernement nécessite une prise de recul afin d’éviter les pièges des processus inconscients, cognitifs et émotionnels, pouvant altérer ses perceptions. Fonder ses choix sur la pratique du discernement conduit à poser des choix éclairés. En résumé, le discernement permet au décideur de déclencher la décision au bon moment, au bon endroit, avec les bonnes personnes.
Le rôle de l’intuition dans la prise de décision
Au lieu d’être considéré comme un manque de rigueur ou de faiblesse, le recours à l’intuition peut être vu comme une forme d’expertise à la portée de chacun. Intuition vient du latin « in » et « tueri » et signifie « regarder attentivement à l’intérieur de soi ». C’est donc accéder à un mode de connaissance qui ne recourt pas au raisonnement. Là où le temps manque pour explorer toutes les données du problème et évaluer la portée de toutes les solutions possibles, il peut être judicieux de faire appel à son intuition. Certitude, conviction, évidence, sensation, instinct, ressenti ou sagesse intérieure, l’intuition est un processus cognitif que nous développons avec l’expérience. Certes, vous ne disposez pas de tous les éléments, mais vous avez l’impression d’être déjà passé par là !
Dépasser l’erreur dans la prise de décision
Si nous oublions assez vite les bonnes décisions, les « mauvaises » ont tendance à résonner longtemps. Nous commettons tous des erreurs et les « mauvaises » décisions font partie de l’apprentissage : elles forgent l’expérience qui conduit au succès et développent l’intuition du vécu. Il est essentiel de dépasser la culpabilité et de gérer nos émotions pour prendre conscience que l’on s’est trompé. En effet, il est important de recueillir les fruits d’une « mauvaise décision » : prise de recul, analyse du processus, corrections éventuelles… Il importe aussi d’éviter de camper sur de « mauvaises » décisions. Or il est parfois difficile de réévaluer une décision, par fierté, par obstination ou par manque de lucidité. En effet, admettre ses erreurs reste un exercice délicat. Dans ce cadre, n’oubliez jamais que « la pire décision est celle que l’on n’a pas prise » rapporte Zig Ziglar, conférencier américain.
Le conseil du coach
Prendre des décisions est une compétence primordiale à maîtriser, quel que soit la fonction que l’on occupe. En effet, au-delà des processus, de la méthode et des solutions proposées pour y parvenir, la décision doit être prise. Quelques conseils :
- Posez-vous la question du temps disponible.
- Soyez intègre avec vous-même.
- Méfiez-vous de la perfection qui reste un idéal.
- Ecoutez votre corps, fiez-vous à votre intuition.
- Évitez toute décision sous le coup de l’émotion, rarement bonne conseillère.
- Quand tout est flou, sortez prendre l’air et aérez-vous l’esprit.
Laisser un commentaire